Depuis les premières tentatives menées par des entreprises pionnières ces trois dernières années, les retours d’expérience confirment l’impact positif de la semaine de quatre jours, aussi bien pour les employeurs que du point de vue de l’expérience collaborateur. De quoi inciter de plus en plus de pays à se lancer dans des expérimentations à plus grande échelle.

 

Des bénéfices sur la QVT, la motivation et la productivité des collaborateurs

En France, Laurent de la Clergerie, fondateur et PDG de LDLC, acteur du e-commerce, fait figure d’ambassadeur sur le sujet de la semaine de quatre jours. Depuis le passage à la semaine de 32 heures en janvier 2021, les chiffres mis en avant par le chef d’entreprise parlent d’eux mêmes : « En 2018, j’avais 1050 collaborateurs et on avait fait 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2021, on a fait 685 millions d’euros avec le même nombre de salariés. […] Aujourd’hui, 98 % des collaborateurs sont à la semaine de quatre jours. Je peux même dire qu’on a augmenté les salaires de 6,5 % il y a deux ans et de 4,5 % l’année dernière. »

LDLC fait justement partie des sept entreprises dont Cadremploi a récemment analysé les premiers enseignements du passage à la semaine de quatre jours. Chacune d’elles adopte ses propres règles du jeu, en fonction de sa culture d’entreprise. Ainsi, Elmy, fournisseur d’électricité verte, a opté pour plusieurs fondamentaux : 

  • le choix du jour (soit le mercredi, soit le vendredi) pour faciliter l’organisation des échanges et réunions,
  • la main laissée à chaque équipe pour définir un planning en cohérence avec ses activités,
  • l’accompagnement des collaborateurs par un cabinet spécialisé dans la gestion du temps et des priorités.

Également étudiés dans l’article, les rythmes de travail proposés par JouéClub et Systèmes B, permettent, avec un an de recul sur le sujet, de mettre en évidence les avantages de la semaine de quatre jours

  • des économies pour le salarié, en termes de coûts de déplacement,
  • un meilleur équilibre entre les temps de vie, 
  • une plus grande motivation,
  • une productivité maintenue, 
  • un impact net en termes de marque employeur.

Difficile alors de ne pas remarquer le parallèle entre ces bénéfices et les défis auxquels les services RH sont confrontés en 2022 : contexte inflationniste et revendications salariales, désengagement des salariés, flexibilité du travail…

Et si la semaine de quatre jours en entreprise était une solution à la crise de l’expérience collaborateur que traversent bon nombre d’organisations ?

 

Un levier de différenciation du point de vue de la marque employeur

Si les entreprises y trouvent leur compte, plusieurs études démontrent que cette formule correspond à une attente forte des salariés et des candidats. D’après une enquête internationale menée par People at Work, sept actifs européens sur dix aspirent désormais à la semaine de quatre jours, contre 26 % avant la crise sanitaire. Une étude sur le travail hybride menée par OnePoll auprès de 1000 travailleurs français révèle par ailleurs que 93 % d’entre eux accepteraient ce rythme de travail si celui-ci était proposé par leur employeur, à condition, pour la grande majorité d’entre eux, de maintenir le même niveau de salaire.

La semaine de quatre jours va-t-elle alors s’imposer pour les recruteurs comme un moyen de se différencier, et ce, quels que soient le secteur d’activité et la taille de l’entreprise ? Une récente étude de Spendesk réalisée avec l’institut YouGov met par exemple en avant le fait que quatre professionnels de la finance sur cinq seraient favorables à cette nouvelle organisation du travail. Or, à peine 20% des entreprises envisageraient d’explorer cette option. 

Le risque est donc bien réel d’un décalage entre les aspirations des individus et les réponses des employeurs… Certains n’hésitent pas à franchir le pas pour se démarquer, à l’image d’un restaurateur du Gers, mis en avant par Capital, qui mise sur cette solution pour attirer des candidats.

 

Premiers retours d’expérience chez nos voisins européens

Si, en France, la démarche reste à l’initiative des entreprises, de plus en plus de pays se lancent dans des expérimentations plus larges. A l’image de l’Espagne, du Canada ou encore de la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni s’est lancé en juin dernier avec plus de 70 entreprises. L’objectif est d’en tirer un bilan à la fin de l’année

Un point d’étape réalisé à mi-parcours a permis de souligner les résultats positifs : 88 % des organisations participantes estiment que la semaine de quatre jours fonctionne bien, et elles sont presque aussi nombreuses à envisager, d’ores et déjà, son maintien après cette période d’essai. 

Ce plébiscite anglais est corroboré par les retours d’expérience des pays où ce rythme de travail a déjà été adopté. Ainsi l’Islande, qui avait commencé à réaliser des tests dès 2015, a finalement sauté le pas en 2019. Depuis, 90 % des salariés islandais sont passés de 40 heures de travail hebdomadaire à 36 heures, sans baisse de rémunération.

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