Depuis le mois de mars 2020, la généralisation du télétravail, le chômage partiel et l’inquiétude générée par le contexte sanitaire et économique ont eu des effets déplorables sur la santé à la fois physique et mentale des salariésDe nouveaux enjeux semblent alors se dessiner pour les employeurs.

La crise sanitaire a nui aux conditions de travail des salariés

En France, 40% des travailleurs considèrent que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis un an, selon une étude de la Dares (Direction de l’Animation, de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail) publiée en mai 2021 et dont les résultats sont analysés par Focus RH1. L’étude permet d’identifier les principaux secteurs concernés (banque & assurance, enseignement et santé) ainsi que les causes de cette dégradation des conditions de travail : hausse de la charge de travailtemps de travail allongédifficultés dans la collaboration au sein des équipes, pression émotionnelle et isolement accru.

En conséquence, l’état de santé des salariés s’est nettement détérioré selon cette même étude qui démontre qu’en janvier 2021, 30% des travailleurs déclaraient un état de santé altéré. Parmi les explications possibles, France 32 note une forte hausse des troubles musculo squelettiques (TMS) depuis un an, liée en grande partie à des équipements inadaptés en télétravail.

La santé mentale des salariés est au plus bas

Au-delà des troubles physiques, la dégradation de la santé des salariés depuis le début de la pandémie se manifeste également par une détérioration de leur état psychologique. Selon le baromètre de la santé psychologique des salariés français, réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine et analysé dans l’Express3« le taux de burn out a doublé en un an », ce qui représente plus de deux millions de français en burn-out sévère. Christophe Nguyen, dirigeant du cabinet estime que « cet épuisement professionnel se traduit par une forme de déshumanisation avec des gens qui fonctionnent comme des robots pour se protéger de leurs émotions et qui s’autocensurent par crainte d’en parler ».

La responsabilité de l’employeur vis à vis de la santé de ses salariés se précise

Selon l’étude menée par l’association Psychodon et OpinionWay publiée en avril 2021 et décryptée par Cnews476 % des salariés estiment que l’entreprise doit être garante de la santé mentale de ses équipes. Côté employeurs, les décisionnaires RH sont plus de la moitié à affirmer qu’à l’issue de la crise, « leur entreprise prévoit de mettre en place davantage d’actions de prévention » (52%), selon l’étude Ifop5 menée pour Back Office Santé. Une tendance que vient confirmer l’article de Harvard Business Review6, qui affirme que les actions de prévention santé représentent un budget croissant pour les entreprises. Les dépenses sont principalement affectées aux équipements visant à prévenir les TMS, aux mesures prises pour éviter les accidents du travail ainsi qu’à la prévention des risques psycho-sociaux. Ce dernier volet passe, entre autres, par la formation des managers aux bonnes pratiques visant à créer un environnement bienveillant selon le journal des RH7.

Vers une amélioration des préoccupations liées à la santé mentale des salariés ?

Si elle a été accélérée par la crise sanitaire, la prise de conscience au sein des entreprises de l’importance de la santé des salariés, ne va faire que se renforcer dans les années à venir. Interrogé par Les Echos 8, Didier Meilleirand, fondateur de l’association Psychodon, remarque que les demandes de formations sur la santé mentale au travail ont explosé depuis un an. Autre signal de cette prise de conscience : la première norme mondiale donnant des conseils pratiques sur la gestion de la santé psychologique sur le lieu de travail sera publiée dès l’été 2021. Il s’agit de la norme ISO 450039 dont l’objectif évoqué par Sally Swingewood, manager du Comité Technique ISO « Management de la santé et de la sécurité au travail » est de « faire tomber les tabous mais aussi d’apporter des solutions concrètes ».

Ces évolutions des pratiques et des normes laissent entrevoir une nouvelle donne pour les entreprises sur le plan de la santé des salariés. Comme titre La Tribune10 : “Et si la crise boostait enfin la qualité de vie au travail ?”.